« Que chacun d'entre vous parvienne à son propre coeur, ne vous attachez pas à mes paroles. »
Mazu Daoyi - Maitre Ch'an du 8ème siècle
« Je vous demande de ne jamais rien chercher, car ce que l'on cherche, on le perd en le cherchant. »
Houang Po - Maitre Ch'an du 9ème siècle
Option montagnes entre Villafranca et Las Herreiras. Breathtaking, isn't it ?
Encore une belle journée !! Je traverse Villafranca au petit jour quand je rencontre Tünde, une jeune femme de Transylvanie très souriante. Nous marchons ensemble lorsqu'à la sortie du bourg, le Chemin offre deux options : marcher le long de la route ou faire un crochet..... par la montagne. Inutile de vous dire que si j'avais été seul, j'aurais choisi la route. Hé bien, Tünde va arriver à me convaincre dela suivre en prenant l'option montagne !! Et c'est parti pour une grimpette particulièrement corsée pendant une bonne heure (voir ci-dessous le parcours avec les courbes de terrain, 400 m de dénivelé sur les 3 premiers kilomètres) , avec quelques autres pèlerins, dont Hartmut, l'avocat Hamburgeois rencontré la veille, León, un Vénézuélien, un Mexicain, et un couple d'États-Uniens. La vue devient vite très plongeante, beaucoup trop plongeante à mon goût. Mes comparses comprenennt vite que je suis sujet au vertige et se passent le relais pour que l'un d'entre eux soit toujours entre le vide et moi. En remerciement du choix de cette option montagneuse, je surnomme ma nouvelle camarade Dracula !! Elle ne s'en offusque pas et trouve cela plutôt drôle !
Tünde, alias Dracula
J'attends avec impatience le moment où nous allons, tôt ou tard, redescendre....
Villafranca del Bierzo Las Herrerias
19 septembre - 22 kilomètres
Camino Francès > Étape Numéro 6
En haut, nous obliquons vers un petit village à l'écart du chemin, Pradela pour prendre un café (revoir ci-dessous le parcours montagneux jusqu'à Pradela). Le café est bien là mais fermé.
Au moment où nous allions repartir déçus, la propriétaire arrive et nous ouvre l'établissement.
Toujours dans le village, nous passons près d'une vieille femme en train de griller des poivrons à l'extérieur, au feu de bois, sur une large grille de 2 mètres de côté environ. Rappelons que la culture des poivrons est l'une des acticités importantes du Bierzo.
Après avoir regagné le Chemin grâce aux fameuses flèches jaunes présentes à chaque bifurcation et presque tous les 50 mètres, nous commençons une longue et presque vertigineuse descente vers Trabadelo (voir ci-dessous au bout des petits lacets, au sud-ouest de Pradela), qui se trouve au niveau de l'autoroute que vous voyez sur la photo en haut de page. La pente est tellement forte que j'aurai les genoux en compote et les jambes tremblantes pendant un bon quart d'heure à l'arrivée. Sportive, la descente !! Encore une fois, les bâtons de marche sont une bénédiction dans de telles conditions.
Après cette descente mémorable, nous retrouvons la N-VI route le long de laquelle ceux qui n'ont pas opté pour la montagne ont cheminé pendantla matinée. Je dois dire que je remercie vivement Tünde de m'avoir entrainé la-haut.
Le paysage, le chemin et ses petits bosquets, des vues magnifiques sur la vallée m'ont laissé un souvenir autrement plus agréable que circuler pendant des heures en parallèle d'une route importante le long de la vallée.
C'est souvent incontournable sur le Chemin de Saint-Jacques, notamment sur le Camino del Norte, surtout en Cantabrie, mais aussi sur le Camino Francès, où je pense à l'étape entre León et San Martin del Camino, entre El Acebo et Ponferrada (par notre faute, erreur d'aiguillage), et entre Ponferrada et Villafranca.
Beaucoup de pèlerins à partir de Trabadelo. Hartmut achète en bord de route quelques poivrons fraîchement grillés, mais va presque se brûler en les dégustant... Nous apercevons un couple qui trimballe des dizaines de kilos, lui tirant difficilement sur une espèce de grand caddie à deux roues plein à craquer. Je ne suis pas sûr qu'ils aillent très loin avec une telle charge, d'ailleurs nous ne les reverrons pas.
Nous continuons donc le long de la N-VI, que nous quittons pour une route plus petite, avant de nous arrêter pour déjeuner à la terrasse du cafe-bar-hostal El Peregrino à La Portela de Valcarce, 20 mètres après avoir quitté la la N-VI pour prendre l'ancienne nationale, la N-006 A. Très bon plat de sardines grillées en compagnie de Tünde qui veut repartir rapidement. Je reste donc seul à discuter avec un couple de Français qui revient du Portugal, en voiture.
Je repars, toujours seul, le long de la même petite route, plus ou moins parallèle à l'autoroute, petite route longée à gauche par une petite rivière, El Valcarce, accompagnée par deux rubans boisés de part et d'autre. La douce musique apaisante du courant d'eau est à la fois défatigante et rassérénante, autant que la vue délicieuse que j'en ai en contrebas. Après quelques kilomètres, bercé par la rivière, au loin, un gigantesque et très haut viaduc sur le quel passe l'autoroute du Nord-Ouest. A mon niveau, c'est une pub pour l'auberge du Pequeño Potala qui retient mon attention. A l'instar de ce qu'écrit Ruffin, ce pèlerinage prend ici et là des accents bouddhistes (je rappelle que le Potala était la résidence du Dalaï Lama à Lhassa, la capitale du Tibet, avant que les vaillantes troupes chinoises viennent «libérer» les pauvres tibétains du joug des moines et de l'autocratie religieuse, à coups de mitrailleuses contre les arcs et les flèches des tibétains).
Et au virage suivant se dresse effectivement un immeuble de style Tibétain. Compte tenu de l'heure, je ne vais pas m'y arrêter mais cette vision est bien exotique !! La prochaine fois (?) je dormirai là assurément.
Auberge Le Petit Potala (albergue El pequeño Potala).
Initialement, j'avais prévu une très longue étape, au-delà de 40 km, pensant que je pourrai atteindre la délimitation avec la Galice et parvenir ensuite au sommmet d'El Cebreiro, à une altitude de 1.330 mètres, dernière montagne avant Santiago. Présomptueux petit pèlerin !! Je suis fatigué et il reste 10 kilomètres dont 700 mètres d'ascension sur 8 kilomètres. Je décide donc de reporter le passage en Galice au lendemain pour être frais et dispo pour cette ultime ascension.
Je vais m'arrêter 2 kilomètres plus loin, à Las Herreiras, pour passer la nuit.
Alors, je rencontre Elena, que j'avais déjà vue plus tôt en position de yoga au bord du chemin et de la petite rivière ; décidément cette journé est très asiatique ! Elena est une artiste peintre. D'origine Madrilène, elle vit à New-York où elle expose ses oeuvres.
Vous pouvez cliquer sur l'image ci-dessous pour aller sur son site Web.
A gauche, l'une des oeuvres d'Elena, que je trouve extraordinairement sensuelle & émouvante, avec un mélange de nostalgie et de tendresse au fond des yeux.
Ci-dessus, remise du prix « La Caixa Scholarship» en 2006 par.... Juan Carlos, alors roi d'Espagne !
Nous marcherons ensemble jusqu'à Las Herreiras. Bizarrement, il est très difficile d'y trouver un logement. Tout est complet. C'est la première fois que ça m'arrive surle Camino Francès. Le fait que ce soit quasiment la dernière halte avant d'arriver en Galice n'y est peut être pas étranger. Nous trouverons enfin deux chambres dans un petit hôtel flambant neuf, pour partie, avec un restaurant très agréable où nous allons dîner en compagnie de Tünde, retrouvée à la terrasse d'un café, et de Hartmut, l'avocat de Hambourg, qui loge dans le même hôtel, A casa do Ferreiro (salle de restaurant ci-dessous), établissement que je vous recommande !!
Fin de l'étape N°6