El Acebo de San Miguel Ponferrada
17 septembre - 18 kilomètres
Camino Francès > Étape Numéro 4
« En vérité, celui qui possède peu est d'autant moins possédé »
Fiedrich Nietzsche - Zarathoustra
Petit-déjeuner au «Hilton del Camino», avec un buffet incroyable, oeufs, jambon, fromage, chorizo, céréales, jus de fruits, et bien sûr confitures en tous genres.
Je pars seul ce matin, la descente continue, et continuera jusqu'à l'arrivée à Ponferrada.
J'aperçois deux silhouettes féminines au loin, devant moi. Je les rattrape ! Il s'agit d'Anna (je ne suis vraiment pas sûr de son prénom), une jeune québecquoise avec qui j'avais échangé quelques mots au cours du petit-déjeuner et Eleonor, une Etats-unienne de.... 73 ans de Rhodes Island. .
Nous décidons de continuer ensemble.
Nous nous arrêtons au bout d'une heure dans un village (photo ci-dessus) où nous prenons un café lyophilisé (beurk !) dans une échoppe à tout vendre.
Les pentes sont raides et le Chemin plutôt cahotique. Nous discutons beaucoup, quand nous entendons soudain un berger nous crier quelque chose au loin. Nous ne comprenons pas, pensant qu'il se borne (sans jeu de mots) à nous saluer. En fait, nous allons vite réaliser qu'il était fort probablement en train de nous dire que nous nous trompions en suivant la route au lieu d'avoir bifurqué en suivant le Chemin, bifurcation pourtant bien indiquée quelques centaines de mètres auparavant... Piégés, nous continuerons le long de cette route jusqu'à quelques kilomètres avant Ponferrada ; route dangereuse car assez fréquentée, avec des surplombs abrupts qui ne me réjouissent pas. Je m'évertuerai avec l'accord de mes accompagnatrices à positionner en permanence l'une d'elles entre le ravin et moi....
Nous atteignons cependant Molinaseca sans encombres. Il faut savoir à ce propos que plusieurs pèlerins perdent la vie chaque année percutés par camions et automobiles en suivant ou en traversant une route. Molinaseca est une belle petite ville, ou plutôt un gros bourg. Le site est bien préservé avec un pont roman magnifique. Nous y faisons halte pour déguster quelques tapas avec café pour les unes et bière pour moi, face au pont.
Nous y rencontrons Rikard, un Norvégien qui nous raconte ses aventures de la veille.
Il est resté sur le site de la Cruz de Ferro pendant un bon moment, jusqu'à 19H00, en se disant qu'il pourrait aller dormir 3 km plus bas, à l'albergue Manjarin. Mais comme je l'écrivais dans mon compte-rendu de la journée d'hier, cette dernière est fermée. Il a alors dû marcher 7 km de plus, la nuit, sur les sentiers à travers bois pour rejoindre El Acebo. A moment donné, il entend un bruit à proximité et aperçoit, à deux pas de lui..... un loup ! Grand randonneur dans son pays, il nous assure qu'il n'y avait aucun doute quant à la nature de l'animal. Grand moment de solitude ! Cependant, le loup a continué son chemin comme si de rien n'était. Rikard aussi !!! Il est arrivé à El Acebo aux environs de onze heures et a tant bien que mal réussi à trouver un lit dans une auberge du centre.
Je ne me souviens pas si c'est avant ou après Molinaseca que j'ai rencontré pour la première fois un groupe d'une dizaine de Français au fort accent du sud, en provenance de Toulouse et d'Albi, qui voyageaient en camping cars en se relayant d'un jour à l'autre entre conducteurs et marcheurs. Il avaient 3 campings cars, donc pas de problème de logement ou d'approvisionnement. Très cordiaux et visiblement enchantés par leur Camino !
Arrivée à Ponferrada, ville industrielle sans grand attrait, à part le centre ville historique et un château fort imposant. Déjeuner succulent près de l'Office du Tourisme avec une spécialité locale gigantesque, le botillo del Bierzo (voir ci-dessous) et un vin rouge local de la vallée du Bierzo où nous sommes désormais.
Remarquez au passage sur le paneau ci-dessus les pubs des taxis de proximité qui s'empressent de proposer leurs services aux pèlerins trop fatigués ou trop dévorés par ampoules et autres aléas de la marche. Nombre de petits business sont organisés tout au long du Camino qui permettent aux riverains de vivre mieux grâce au flux ininterrompu des marcheurs vers l'Ouest étoilé.
Après une sieste réparatrice (comme toutes les siestes... mais bien plus encore à la suite de la dégustation du botillo ci-dessus) dans le petit hôtel et la très petite chambre où je vais passer la nuit, ce sera la corvée du linge à laver et sécher. Le problème est que les laveries automatiques ne sont jamais dans le centre. Celle-ci est dans un quartier plutôt mal famé où un type avec une très sale tête va s'arrrêter face à moi pendant 3 minutes, sans rien dire, en me regardant comme s'il allait m'assassiner.... ce qu'il n'a pas fait !!!
Soirée dans un autre restaurant avec le couple de Suédois, Ayfer et Björn.
Le botillo, le gros morceau au milieu, absolument délicieux et particulièrement recommandé
par tous les diététiciens, est fait d'une membrane d'intestin de porc farcie avec :
« Costilla de cerdo: mínimo 65% y máximo 90%.
Rabo de cerdo: mínimo 10% y máximo 20%.
Así mismo, se le podrá añadir, a criterio de los fabricantes, otros componentes como
lengua, carrillera, paleta y espinazo, en un máximo del 20% del total, no pudiendo
superar ningún componente de este resto la mitad de este 20%.
A todos los componentes se les añade posteriormente sal, pimentón y ajo, aditivos
autorizados y otras especias naturales.»
FIn de l'étape N°4