12 août - San Sebastian => Orio

Départ ce matin vers 10H00. Beau temps !

En fait Orio est à 16 km, mais ça grimpe sérieusement. Le début de l'itinéraire passe le long de la plage pleine de vacanciers.

Et puis,une suite de quelques centaines de marches, et ne sont que des amuses-pieds, les ascensions sérieuses c’est pour plus tard. Sites magnifiques avec vue plongeante sur la mer sur la quasi-totalité du parcours.

Un peu d'asphalte au début puis des chemins plus ou moins praticables. Certains sont vraiment difficiles, très pentus, avec de grosses pierres inégales très casse gueule. Je me réjouis de n'avoir pas tenté cette étape sous les fortes pluies du 22 juillet.

La signalisation est impeccable, un panneau quasiment tous les 50 mètres. Les Deux-Sèvres devraient s'en inspirer, avec leurs 3 panneaux en tout et pour tout entre Brieuil et Brioux, c'est carrément scandaleux au coeur de l'un des itinéraires les + importants du Chemin. Pour info, il y a quasiment un panneau tous les 100 à 150 mètres en Gironde et dans les Landes, et une borne tous les 200 à 300 mètres en Charente-Maritime . Je suis candidat pour remédier à cette incongruité invraisemblable à mon retour. Il ya tout de même 260.000 personnes qui se rendent à Saint-Jacques, nombre croissant tous les ans, dont un grand nombre en provenance d'Europe du Nord et de l'Est parmi lesquels de nombreux Allemands et Hollandais, quelques Polonais, Tchèques, Slovaques et Roumains. Assez peu de Français sur le Chemin du Nord, et quasiment pas d'Anglais  

Mais revenons à nos montagnes du Pays Basque espagnol.

Arrivé vers 16 heures au gîte d'Orio. Excellent accueil et superbe gîte avec une vingtaine de lits. Pèlerins allemands et Hollandais en majorité, mais aussi des Basques, des espagnols et un Milanais. Vue superbe ! Jardin face aux montagnes et la mer de l'autre côté.

Pour l'anecdote, Roberto, jeune cuisinier Milanais travaillant à Andorre avait marché plus de 40 km dans la montagne en une journée et avait l'intention d'arriver à Santiago en.... 22 jours, juste avant la fin de ses vacances . 
Julia, Espagnole, voyageait avec une petite chienne caniche, Blanca, ce qui lui posait problème à chaque étape, les gites lui refusant leur accès. 


« La grâce est éternellement présente, nous n'avons pas à l'obtenir, elle est. » 
Jean KLEIN - La joie sans objet

 
11 août - Saint-Maixent => San Sebastian.... grâce à la SNCF


Départ ce 11 août au matin après avoir constaté une fenêtre climatique favorable, comme diraient les navigateurs...


Je dormirai donc à Saint-Sébastien dans une pension avec dortoirs à 6 lits, ce qui doit être plus agréable que parmi les 150 personnes (más o menos) logées par l'auberge, casé dans un dortoir d'une trentaine de places où j'avais passé une nuit agitée lors de mon deuxième départ raté le 21 juillet dernier, deuxième départ qui s'était heurté à un pessimisme noir alimenté par la perspective de ne pas trouver de places dans les auberges des étapes suivantes, et à un climat style pluie, vent, et brouillard pour plusieurs jours sur les Pyrénées.



Le 12 au matin, ce sera donc mon troisième départ, cette fois en direction d'Orio, l'étape du jour.



Etapes de ma traversée des Pyrénées
Aimable attention des autochtones à l'intention des pèlerins au bord du Chemin
La vue depuis le gîte d'Orio
Deux clichés du centre de Bilbao



13 août - Orio => Zumaia

Traversée du bourg d'Orio au petit matin. Après avoir passé le pont, on suit la rivière Orioko Itsasadarra
(Itsasadarra = Estuaire) sur 2 km environ, le long d'une route sans réel espace piétons mais heureusement peu passant. Puis on oblique à gauche pour prendre un chemin grimpant, pas trop, et bien ombragé.   
Quelques kilomètres plus loin, descente vers  Zarautz, station balnéaire réputée, très belle baie avec une grande plage très fréquentée. Le chemin longe la plage et au bout, on prend une promenade aménagée le long de la côte avec malheureusement une route très passante à gauche. La promenade va jusqu'à Getaria, autre station balnéaire avec un magnifique centre historique et une cathédrale remarquable. Déjeuner de tapas.

Et puis, et puis, à la sortie de Getaria on change soudain d'ambiance en prenant une montée très pentue  mais encore bien pavée (photo ci-dessous à droite).   









Ensuite, ce sera une série de montagnes russes avec des chemins plus ou moins agréables, de très jolis sous-bois, des vues plongeantes splendides sur la côte. Le nombre de pèlerins augmente sensiblement. Je discute avec une avocate Allemande, deux jeunes femmes Tchèques, une jeune psy, Allemande elle aussi. Beaucoup d'Allemands sur le Chemin et dans les gîtes, plus de 60% je crois ! En fait, certains m'expliqueront qu'un film (ou bouquin ou documentaire ?) a été diffusé en Allemagne il y a deux ans qui se passait sur le Camino del Norte, évènement dont le succès à généré de nombreuses vocations.

Cette étape est cependant encore relativement correcte en matière de dénivelés.

Longue descente ver Zumaia, en bord de mer également. Ce soir, je dormirai dans un monastère, dans une chambre pour 3 personnes avec un magnifique parquet ancien, et des installations parfaites pour douches et autres sanitaires, et pour laver et sécher les vêtements qui en ont vite besoin....

Prévu pour 40 personnes, ce sont plus de 60 personnes qui se présentront, problème récurrent des gîtes au mois d'août sur le Camino del Norte. Une partie des pèlerins sera donc logée par terre, mieux que dehors. Nous verrons à l'étape suivante que celà peut être pire.

Soirée tapas y copas de rioja avec mes 4 camarades allemands rencontrés la veille à Orio et un Français, Denis rencontré au monastère, avec qui je vais refaire le monde à force de copas de rioja, tout en restant à peu près raisonnables.... 

Nuit agréable, parfaite pour se préparer à la suite, qui va s'avérer vraiment plus difficile.

Parlons tout de même de ma rencontre avec celle que nous appellerons «la  Bouddhiste » pour son look avec cheveux presque rasés, chaleureuse, intelligente, parlant couramment espagnol, anglais, français. Personnage étonnnant, elle vit en totale liberté et apparemment dans un dénuement volontaire, ne porte qu'un short troué et un tee-shirt qui a vécu, ses bâtons de marche sont des bambous reconvertis par ses soins, mais elle respire une belle sérénité. Le matin, avant le départ, elle m'offre deux quartiers d'orange avec un sourire éclatant. Je regrette de ne pas avoir discuté plus avec elle ! La vie est impermanence dit le Bouddha !   



14 août - Zumaia => Deba

De plus en plus dur ! Les dénivelés s'accélèrent et s'amplifient ! La descente vers Deba est un morceau d'anthologie. Petits pavés qui heureusement sont secs avec une déclivité incroyable. Je suis ravi d'avoir mes batons de marche pour me sentir plus assuré de ne pas me lancer dans une pirouette avec sac par dessus tête.

Pour vous donner une idée, à l'arrivée à Deba, il y a deux ascenseurs successifs pour descendre jusqu'au  centre ville... quelques 40 à 60 mètres plus bas. 

L'Albergue où nous allons passer la nuit compte 56 places. Elle est située au centre ville aux 1er et 2ème étages... de la gare ferroviaire, toujours en service... sauf la nuit. Ouf ! pourrait-on dire, mais attendez la suite !     .

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LES PYRÉNÉES BASQUES
11 au 18 août
160 KM
15 août - Deba => Markina Xemein

Sans doute l'étape la plus difficile ! Le matin, jusqu'à Olatz, il faisait un peu frais avec une brume à la limite de la pluie fine.  Olatz, à l'issue d'une grimpette matinale soutenue mais raisonnable, ce sont trois ou quatre maisons, parmi lesquelles un petit bar, tenu par deux jeunes femmes qui s'activent au maximum pour servir boissons , tortillas de patatas délicieuses et autres en-cas à une clientèle de pèlerins, quasi exclusivement. En effet, à part une fontaine bien plus loin, il n'y aura plus rien jusqu'à Markina Xemein.  Nous en profitons abondamment. Leur commerce ausi ! Et tant mieux pour elles ! Elles sont courageuses ! Elles sont les seules a avoir osé s'installer là ! Elles méritent amplement leur succès.

A partir d'Olatz, c'est une autre paire de manches ! Un berger basque avec lequel j'avais discuté un bon moment, une demi-heure auparavant, m'avait prévenu ! Ca ne va pas être facile ! Et en effet, un peu après Olatz, au bout d'un chemin agréable bordé de quelques petits élevages de chevaux, la pente devient sérieuse !! Au début elle est asphaltée, mais au bout de quelques centaines de mètres, ce sont des chemins au pavage très approximatif, et on monte fortement et longuement. Il y faut également affronter quelques descentes qui ne sont pas plus faciles, puis on recommence à grimper, et c'est de pire en pire. Les montagnes russes persisteront ainsi quasiment jusqu'à la dernière et longue descente vers Markina.

C'est au cours de cette étape vraiment difficile que j'ai pu apprécier l'aide et le soutien de quatre Allemands, Corina, Stephanie, Martina et Gunther !! Ils m'ont attendu, encouragé, tout au long de l'étape, et nous avons terminé en chantant de vieilles chansons françaises, anglaises et allemandes en descendant vers Markina Xemein.   

Markina Xemein n'est pas l'une des pus belles villes du Chemin, beaucoup s'en faut ! L'architecture est plutôt «Mussolinienne». Par contre, la chambre privée que j'ai louée dans une auberge également privée est très agréable, avec une chambre spacieuse, une petite terrasse et une laverie.  
Notons au passage que pour 56 places disponibles, ce sont plus de 80 personnes qui cherchent un endroit où dormir. Le refuge refuse de laisser dormir qui que ce soit par terre ! Par contre, ils trouvent des solutions chez des particuliers, et en désespoir de cause, certains devront dormir par terre dans l'église, exceptionnellement ouverte pour eux.

Nous alllons vite nous rendre compte que nous sommes tombés, ce qui va par la suite devenir  presque habituel, sur la fête locale de l'année. Il en a été de même à Saint-Jean de Luz pour la Saint-Jean , à Irun pour la Saint-Martial ; il en sera de même pour Gernika et pour Llanes.

Un monde fou dans toutes les rues, fanfares, chorales basques improvisées dans les bars, bière et txakoli (vin blanc régional) coulent à flots. Tous les restaurants sont réservés avec de grandes tables dressées dans toute la ville.  Il va nous être difficile d'en trouver un acceptant les pèlerins. Nous y parviendrons tant bien que mal, les «non-résidents» ne semblant pas être les bienvenus, même si aucune agressivité n'accompagne ce comportement.

Les festivités comprennent un défilé de géants comme dans le nord de la France. Des habitants affublés de têtes de monstres poursuivent les enfants, et même certains d'entre nous, à travers les rues, pour les frapper avec des bouteilles de plastique qu'ils tiennent au bout d'une corde. Ce n'est heureusement pas douloureux, juste bruyant.  Le soir, il y aura corrida, mais nous n'y avons pas participé, convaincus qu'il s'agit là d'un résidu de barbarie déguisé en phénomène «culturel».

Aux environs de minuit, face à la gare, la fête s'achève par une super fanfare d'une bonne cinquantaine de musiciens. Ils joueront pendant une bonne demi-heure alors que nous tentions tous de dormir en vue de l'étape du lendemain, réputée pour sa difficulté.     
16 août - Markina Xemein => Gernika

Bis repetita, cette étape est un remake, peut être un peu moins marqué que la veille, mais à peine. Deux ascensions importantes dans la journée, et les montagnes russes habituelles.

Ci-dessous les courbes de niveaux pour la journée (merci au site espagnol gronze.com, une référence pour les pèlerins)  :


Voilà qui donne une bonne idée de la différence entre une altitude somme toute modeste, mais avec des dénivelés importants et incessants.

Superbe monastère sistercien de zenarrusa à Ziortza à 7 km de Markina, un peu au-delà de Bolibar.
Au-delà de Munitibar, plus rien à boire ou à grignoter jusqu'à Gernika.

La ville de Gernika est austère, quasiment entièrement reconstruite après un bombardement le lundi 26 avril 1937, par 44 avions de la Légion Condor allemande nazie et 13 avions de l'Aviation Légionnaire italienne fasciste. Presque tout y a été détruit, 70% des habitations incendiées. Plusieurs centaines de morts. Pablo Picasso a représenté l'horreur de l'évènement par une oeuvre majeure, Guernika.

Le jour de notre arrivée, la ville est en fête. Une espèce de carnaval où tout lemonde est déguisé en tout et n'importe quoi, qui en chevalier Jedaï ou légonnaire romain, ou péripatéticienne.... Musica y vino y tapas por toda la noche...

Au petit matin, quand nous nous préparons à repatir vers Lezama, nous traversons une ville surréaliste avec des multitudes de jeunes étalés le long des trottoirs ici et là, ivres morts, morts-vivants, balbutiant et se soutenant les uns les autres pour ceux qui arrivaient encore à tenir à peu près debout, mais tout ceci sans agressivité aucune.

Beaucoup plus important, le chêne de Gernika (voir ci-dessous), symbole de la démocratie basque depuis le 14ème siècle, où les assemblées des représentants du peuple basque avaient lieu pour décider des intérêts de la communauté. Jean-Jacques Rousseau en a fait le symbole des libertés basques (“es el pueblo más feliz del mundo. Sus asuntos los gobierna una junta de campesinos que se reúne bajo su roble y que siempre toma las decisiones más justas”... Je n'ai pas trouvé la version originale !)    
 
17 août - Gernika => Lezama

Une matinée qui commence très fort !! 300 mètres d'ascension en ... 3 km.  

Les dénivelés sont aujourd'hui encore particulièrement nombreux sur les 16 premiers km menant jusqu'à Larrabetzu. 

Après Larrabetzu, je vais suivre la route BI-3713 avant de rejoindre la Nationale 637 un peu avant la ville de Lezama, notre destination du jour.    Cette deuxième partie du trajet est beaucoup moins bucolique que la première comme vous l'aurez déjà deviné. 
18 août - Lezama => Bilbao

10 km a priori sans intérêt, en environnement urbain la moitié du temps, sauf pour la partie entre Zamudio et l'entrée de Bilbao via le Monte Avril. Là je triche carrément et sans vergogne ! Je serai probablement villipendé par les intégristes du Chemin, et il y en a ! Peu m'importe, je suis épuisé. Je prends le train jusqu'à Bilbao..........