« Dans ce qui fut pour moi l'apogée mystique du Chemin, j'ai eu le sentiment de voir la réalité se perdre et me permettre d'apercevoir ce qu'il y a au-delà d'elle et qui se diffuse en chacune de ses créatures »
Jean-Christophe RUFIN - Immortelle Randonnée
Bilbao - Gijon
30 août au 11 septembre
Le port de Castro Urdiales en Cantabrie
De Bilbao à Gijón, nous allons passer de la Biscaye, province Basque, à la Cantabrie, puis de la Cantabrie aux Asturies.
La première étape va de Bilbao à Pobeña en passant par Portugalete. De Bilbao à Portugalete, banlieues industrielles très moches à traverser en regardant le ciel, qui malheureusement n'est pas au beau fixe. A Portugalete encore endormie, un superbe pont suspendu, quelques immeubles colorés, et une série d'escaliers mécaniques pour monter dans la ville. Je regrette qu'il n'y en ait pas eu quelques uns au coeur des Pyrénées basques...
De Portugalete à Pobeña, la moitié du parcours s ait sur des passerelles apparemment récents au-dessus de noeuds routiers importants et du bruit incessant qui va avec.
La dernière moitié du parcours se fera accompagné d'un psychanalyste New-Yorkais, pèlerin de luxe qui apparemment fait transporter ses bagages d'hôtel en hôtel. Cependant, il marche, ce qui est l'essentiel. Nous verrons qu'à l'approche de Saint-Jacques de Compostelle, d'autres «pèlerins» ne marchent même pas ou si peu....
Il est aussi très intéressant et connait aussi bine les traditions orientales que les arcanes de Sigmund ou de Carl.
A Pobeña, plage très agréable sous un beau soleil retrouvé et petit gîte confortable avec un accueil très cordial. C'est ici que je vais rencontrer Nadine, Kym, Frank et Colin Powell (voir la page "Les Anges"), les trois premiers devant former le noyau dur de notre petite équipe qui restera soudée malgré des étapes parfois différentes et même des chemins dievergents avant qu'ils ne convergent à nouveau, jusqu'à Saint Jacques.
Pobeña à l'aube, en route pour Castro Urdiales
Etape suivante, jusqu'à Castro Urdiales sans réelle difficulté, valonnée, chemins à travers champs et bosquets, élevages de chèvres et de chevaux, très beau temps. Passage en Cantabrie après quelques kilomètres ! A moment donné, on doit néanmoins traverser un long tunnel branlant pas très rassurant le long de la falaise sur la mer....
Quelques dénivelés intéressants cependant, notamment du côté de Onton, avant d'avoir à suivre la route N634, peu empruntée, mais près de l'autoroute qui lui est parallèle, et ce jusqu'à Castro Urdiales. Nous retrouverons cette route que nous suivrons bcp trop souvent par la suite et parfois dans des conditions dangereuses pour le pauvre piéton pèlerin.
Arrivée à Castro Urdiales, très belle ville dont quelques photos ci-dessous (et en haut de page).
Le lendemain, après quelques kilomètres plutôt sympathiques (voir ci-dessous), étape particulièrement pénible, pour partie montagneuse certes, mais surtout parce que l'on suit en permanence la N-634 et ses lacets sans visibilité pour nous et surtout pour les véhicules motorisés qui arrivent en face alors qu'il n'existe aucune barrière de protection entre eux et nous et que l'espace entre eux et nous doit être de moins d'1 mètre, voire pas d'espace du tout dans certains virages. Ce sont sans doute des étapes comme celle-ci qui ont provoqué le désamour de la Cantabrie montré par Monsieur RUFFIN dans Immortelle Randonnée que je viens de lire après mon retour. Je ne voulais pas être pollué par des a priori, et je n'ai donc rien voulu lire sur le sujet avant mon départ.
Je rencontre à plusieurs reprises Kym et Frank le long de la route. En fait, il y avait une voie alternative par des chemins probablement plus sympathiques mais avec un kilométrage beaucoup plus important, solutions que nous n'avons pas adoptée. Tant pis !
Arrivée à Laredo en fin d'après-midi. Grande ville très touristique en ce début septembre chaud et ensoleillé. Beaucoup de pièges à touristes, restos et boites de nuits. Seule l'albergue, située dans un couvent superbe, vaut le détour. L'arrivée est belle également. Je vais tout de même y savourer, en solitaire, l'un des meilleurs dîners du Chemin dans le meilleur restaurant de la ville : El Cachupín
Pour sortir de Laredo, il faut suivre une promenade le long de la plage pendant plus d'une demi-heure si ma mémoire est bonne, le long de ces constructions plus ou moins réussies, dont la construction a été lancée dans l'enthousiasme de l'économie libérale triomphante.... avant l'effondrement de 2007 et des années suivantes, qui a fait que beaucoup de ces résidences secondaires, sans aucun charme pour la plupart, comptent de nombreux appartements à vendre.
Au bout de la plage, un minusucule embarcadère permet de traverser la baie pour atteindre Santoña, le royaume de l'anchois de Cantabrie, assurément les meilleurs anchois du monde... et parmi les plus chers aussi !!!
Un petit bateau rempli de pèlerins nous mène jsuqu'à cette ville, traversée de 800 mètres environ.
Trois jeunes pèlerins musclés laissent alors leurs sacs à dos à la soeur de l'un d'entre eux, Roumaine d'une beauté et d'une gentillesse rares, pour ..... traverser à la nage. Je les retrouverai de l'autre côté, haletants mais triomphants !!
Santoña, bourg sans grand intérêt à part pour ses anchois, et que je connais déjà (le bourg et les anchois) , sera traversé rapidement. A la sortie, une marche peu romantique entre la route et le mur de la plus grande prison d'Espagne, mur qui n'en finit pas, heu si, au bout de 900 mètres. Terrain totalement plat, ça c'est une nouveauté !!!
Ensuite, la route continue sur 1 petit kilomètre avec à droite la plage de Berria, pleine de monde.
Et puis soudain, bifurcation à droite sur un sentier au coeur d'un petit bosquet, qui débouche.... sur le lieu de ma pire terreur de tout le Camino, la punta del Brusco, qui mérite bien son nom .Mon vertige aidant, j'y ai vraiment paniqué. Surplombant la plage de 80 mètres, après une première partie sableuse, le sentier devient pierreux est très abrupt et très peu large sans aucune sécurité du côté falaise, à tel point que je me demande comment je vais grimper. J'y mets donc pieds et mains, mais le sac à dos me déséquilibre à chaque avancée. C'est de plus en plus en plus difficile, et là, je ne sais plus quoi faire, continuer ou rebrousser chemin, sachant que la descente de la partie que je viens de gravir peut s'avérer pire que l'ascension. A ce moment là, figé et en mode de quasi-panique, j'entends derrière moi un retentissant «Serrrge, how are you ?». C'est Nadine, une Allemande rencontrée à Pobeña quelques jour plus tôt et accompagnée d'Allen, un Irlandais que je ne connais pas encore. Le plus incroyable est qu'Allen s'avère être un instructeur.... d'escalade. Il me demande alors de le suivre, en me préconisant de poser mes mains sur son sac à dos si je trébuche, et Nadine va se positionner à l'arrière de la cordée sans cordes. Ainsi encadré et rassuré, la fin de l'ascension puis la descente vont se faire non sans appréhension, mais avec un sentiment de sécurité sans commune mesure avec la situation avant leur arrivée.
A la fin de ce périple, nous débouchons, mes deux sauveurs et moi-même, sur la magnifique plage de Noja, vraiment magnifique, comme vous pouvez le voir ci-dessous. Nous otons immédiatement nos godillots de marche pour patauger bruyamment et joyeusement au bord de l'océan !!
Par la suite, après un déjeuner en bord de plage à Noja (vue ci-dessus depuis le restaurant), nous reprenons notre route vers Guëmes.
Peite parenthèse à propos des restos en bord de plages trop belles et trop «touristisées», il est remarquable que dans de tels endroits les gargottes à touristes soient partout identiques, servent les mêmes cochonneries à prix outrés, avec les mêmes serveuses et serveurs qui vous appportent votre pitance après une demi-heure, sans un sourire et en regardant ailleurs, sauf au moment de l'addition. Civilisation ne rimerait donc pas avec bienveillance et civilité ???
Le reste de la journée, Nadine et moi, avec Kym et Frank rejoints sur la plage de Noja, continuons sur de petites routes champêtres assez agréables, mais avec tout de même une nouvelle ascension sérieuse.... mais sans falaise sur les bords. Fatigués, nous n'irons pas jusqu'à Guëmes. Nous nous arrêtons 6 km plus tôt, à San Miguel de Meruelo, où nous logerons dans une auberge privée flambant neuve en plein campagne, avec diner et petit-déjeuner pour environ 20 € au total. Accueil très agréable, installations parfaites !
A l'arrivée nous y retrouvons Asja, une jeune chercheuse allemande, en train de se faire soigner ses ampoules par une intervenante experte, sachant que l'on trouve ce type d'experts un peu partout sur le Chemin, et notamment sur le Camino Francès où ces fonds de commerce sont légion, clientèle assurée et captive oblige !!
Le lendemain matin, départ pour Santander. Il nous faudra plus d'une heure de grimpette substantielle pour atteindre Guëmes, où il semble que nous ayons raté l'une des auberges les plus pittoresques notamment par la personnalité du propriétaire des lieux, mystique réputé et cité dans tous les guides. Cependant, nous sommes ravis d'avoir pris la décision de ne pas nous être obligés à cette heure de marche supplémentaire la veille au soir.
A partir de Guëmes nous prenons la direction de la côte, l'une des options de la journée.
Nous nous dirigeons vers les plages de Galizano puis de Langre. A moment donné nous longeaons une falaise qui me rappelle en moins pire El Brusco (voir au-dessus). Mais ici le chemin est plat et plus large. Lorsqu'il s'agit de longer d'autres falaise un peu plus loin, je déclare forfait, et je prends le parti de longer une petite route plus directe, accompagné par notre théologien Colin Powell.
Nous suivrons cette route, un peu trop passante car nous sommes dimanche et il fait très beau.
Traversée de Loredo puis de Somo vers le ponton où un bateau nous mènera de l'autre côté de la vaste baie de Santander.
Direction la plage de Galizano. Le kilométrage indiqué pour Santander, 40 km, concerne l'option de contournement à pied de la baie, long et sans grand intérêt comparé à notre petite croisière....
La plage de Galizano et la pointe de Langre
Notre bateau de croisière au départ de Somo.
La baie de Santander s'ouvre au fond à droite du pont que l'on aperçoit.
La grande ville de Santander, capitale de la Cantabrie.